Badain Jaran: souffrance et beaute

_MG_28039 mars. Escapade dans le Badain Jaran avec Bella, jeune mongole anglophone et Batou notre chauffeur. A 8h15, petit dejeuner dans un restaurant bonde. La porte ferme mal mais les clients assis pres de l’entree ne renoncent pas a se lever a chaque fois qu’un nouvel arrivant s’engouffre avec le froid. Le soleil pointe a l’Est, nous sommes donc au moment le plus froid de la journee. En grand manteau kaki de l’armee et chapka, en bottines ou en costume les clients paient leur bol de nouilles au boeuf a l’entree puis vont se servir en fond de salle en l’echange du ticket de caisse. Plat unique au menu. Toute la societe d’Alxa Youqi, petite ville provinciale de Mongolie Interieure, est la et s’assoie aux memes tables. La valse des tabourets est incessante. Le fonctionnaire de police cottoie la commercante du coin de la rue, les ouvriers des mines de charbon alentour sifflent leur spaghettis face aux agents du gouvernement. Ces derniers occupent la majorite des emplois de la ville et agregent les aspirations de tout un chacun. Ils sont respectes car leur poste est stable et ils ne foutent rien. Leur principale occupation consiste a faire des reunions en buvant des litres de the vert. C’est en effet tres enviable. Apres 10 minutes de  » wroups » et de « chluit » nous prenons conge et nous dirigeons vers le « secret le mieux garde de Chine » tel que l’indique l’immense panneau sur le cote de la S317 pour signaler la presence du desert du Badain Jaran.

La temperature est vraiment glaciale. Selon Bella c’est probablement la derniere grosse tempete de neige de l’annee qui vient de passer. Place maintenant aux vents de sable. Je suis aux anges! Apres plusieurs cordons de sable et quelques lacs geles deux trainees blanches apparaissent au coin du ciel entre deux dunes: des collegues de bureau qui contemplent le desert dans le confort cotonneux du cockpit. Les uns seront bientot arrives a Canton ou Hong-Kong. Pour les autres, ils quitteront prochainement le controle de Lanzhou et survoleront le Xinjiang en direction de l’occident. Plan fixe avec ma camera. Je suis leur progression dans l’oeilleton alors que chacun se rapproche tranquillement d’une des extremites de l’ecran. Peut-etre se sont-ils parles sur la frequence comme il nous arrive souvent lorsque nous nous croisons au bout du monde, au bout du ciel. Le trafic aerien ne cesse jamais. _MG_2833A l’image des aiguilles d’une montre ou des bouddhistes tibetains on trouve toujours un avion pour tourner autour de la terre. Si beaucoup de mes collegues n’aiment pas le long courrier pour ses longues heures de croisiere, ces temps creux de surveillance et de gestion, je me suis personnellement toujours senti privilegie de veiller sur les passagers et le bijou, de jour et surtout de nuit. Pour l’heure les avions ont disparu de l’ecran et je remets mes fesses dans le 4×4. Nous jouons a saute dune, Batou se regale, je fais du manege. Les lacs se succedent en meme temps que les regrets d’etre arrive un peu trop tot. Au printemps ou a l’automne ce doit etre encore plus beau. Mais l’hiver est le prix de ma solitude et la , je l’apprecie. Sur les plaquettes concues pour allecher les clients chinois une file ininterrompue de 4×4 s’etende le long d’un lac et l’on voit le stade de France devaler une dune dans la joie et la bonne humeur. Non merci, sans facon.

_MG_2819Nous nous arretons pour la nuit pres du temple bouddhiste, le « badain Jaran temple ». Nous logeons chez l’unique moine. Bella et Batou vont y faire quelques prieres et donations en meme temps qu’un voeu. Un element me frappe: l’effigie de Mao imprimee sur tous les billets de banque tutoie les statuettes des divinites du pantheon bouddhiste. N’est-ce pas l’ironie de l’histoire que de se retrouver si bien entoure, au coeur meme de tous les temples, pour un homme qui a tant lutte pour briser les religions de son pays? La Chine moderne deborde de ces contradictions et vit tres bien avec.

Le lendemain j’ai droit a un second tour de manege avant de retrouver la route vers 14h30. Batou me depose avec mon velo a l’endroit meme ou j’avais renonce dans la tempete de neige 3 jours plus tot. C’est alors mon bapteme du vent: 53 km de souffrance et 4 heures plus tard la parenthese de ce desert magique se referme. Mais pas celle du vent et la journee du lendemain s’averera terrible. Le doute s’installe dans mon esprit. Ne serais-je pas devenu esclave de mon ideal? Mars sera-t-il le fossoyeur de ma belle ethique? Aurai-je meme le courage de continuer? Il ne faudrait pas que ce beau voyage ne se transforme en chemin de croix…

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  • Jean-Paul dit :

    Pas grand chose à ajouter à mes deux précédents messages, si ce n’est de faire une petite pause pour te ressourcer physiquement et mentalement. Les rencontres que tu as déjà faites te motiveront pour les prochaines. Et le côté puriste n’est qu’une convention propre à chacun: le purisme de l’un est différent de celui de l’autre. Tout est relatif (heureusement, sans quoi que la vie serait fade et inintéressante!). Ce soir, prends 4 ou 5 TsingTao, mange un ragout de chien au nouilles, et va fumer une pipe à eau, le tout dans une famille du coin. Demain matin tu feras la grasse matinée, et tu te réveilleras avec un bon mal de crâne et les idées claires. Il y a un proverbe français qui dit: la nuit porte conseil. Pour les proverbes chnois j’ai une spécialiste à la maison, tu lui demanderas en direct.
    J’te pète la biz.

  • Bernard Suchel dit :

    A chaque jour suffit sa peine !!! Jean Paul à raison, la nuit porte conseil. Quelle chance, un ragout de chien aux nouilles. Si seulement je pouvais m’offrir ce luxe avec mon chien, mais je ne pense pas qu’Inès apprécie !!!!
    Tu savais qu’il y aurai des moments difficiles… Tu es quand même dans une aventure extraordinaire qui suscite beaucoup d’admiration et tu nous apporte une belle part de rêves, toi qui a eu le courage d’aller jusqu’au bout des tiens. Fais toi plaisir, c’est le principal !

  • Pierre SUCHEL dit :

    Pour aller au bout de tes rêves, c’est toi qui fixe les règles. Un petit tour en bus quand la météo est en folie te permettras certainement de nouvelles rencontres. La souffrance n’est pas une condition indispensable à la l’aboutissement de ton projet. Soigne ta crève et avance de la meilleure façon pour toi, le pilote doit sauver l’appareil, les passagers et l’équipage pour arriver à bon port.
    Bise et à plus pour de nouvelles photos et commentaires.

  • Serge Ménard dit :

    Le but c’est de finir en utilisant tous les moyens à ta disposition, le bus en est un. Il est très difficile de lutter contre la nature il faut s’adapter. Deux objectifs, retrouver la santé et se reposer et ensuite tout ira mieux !
    Bon courage

  • gaelle dit :

    François…On dit parfois que le but n’est pas le bout du chemin mais le chemin lui même… Ton projet fait réfléchir, philosopher, et parfois vibrer ceux qui te suivent de loin. Je t’ai jusqu’ici suivi en silence. Je suis touchée par la beauté de tes photos et la sensibilité de ton regard, ici ou au bout du monde c’est quelque chose de précieux que tu portes en toi, ceci et tant d’autres trésors, et je doute qu’il faille parcourir des déserts en serrant les dents pour prouver au monde et se prouver à soi que l’on est riche de ces trésors. Ceux qui t’aiment le savent, et savent aussi que la réussite de ton projet n’est pas forcément là ou d’autres l’imaginent. Quels que soient tes choix, ils seront les bons. Je t’envoie un souffle d’énergie, pour poursuivre ton chemin, quel qu’il soit.
    Je t’embrasse.

  • Claire SUCHEL dit :

    Ah! Non, ne parle pas de chemin de croix : c’est un chemin de condamné à mort!!! PERSONNE ne veut d’un tel chemin pour toi.

    La météo de ce mois de mars est épouvantable, totalement insupportable à cause du fort vent glacial et des chutes de neige. La météo n’avait pas laissé prévoir cette violence,

    L’idéal invite à vivre en regardant vers le haut, la réalité oblige à regarder en face et à s’ajuster au quotidien…sans perdre de vue l’idéal,sans le prendre pour la réalité.

    La fièvre brouille les idées.
    Guérir est la priorité absolue.

  • Pierre-claude dit :

    Hé, j’ai une idée : le crédit-kilomètre… Si tu fais 100 km en bus, eh bien tu dis que ce n’est qu’une avance, des km qu’on te prête et que tu rendras, en faisant 100 km supplémentaires à un autre moment, une boucle quelque part sur le trajet à un moment où les conditions climatiques seront moins défavorables…
    Et hop, le tour est joué, l’éthique est respectée… si vraiment tu culpabilises encore, tu peux te faire un prêt à 10% : 100 km empruntés, 110 rendus…
    Courage, on est tous derrière toi !

  • Chrystel et Rudy dit :

    Bonjour,
    Nous suivons ton parcours et nous sommes toujours aussi admiratifs devant l’effort, la souffrance…. Mais surtout il ne faut pas perdre courage et l’on sent un gros coup de blues ….. Accroche toi à toutes ces personnes qui t’accompagnent sur ton chemin, t’aident, te font découvrir des lieux magiques, insolites. Nous sommes tous là à tes cotés même si notre présence semble lointaine. Tu es une fierté pour chacun d’entre nous qui vivons nos rêves sans les réaliser vraiment. Tu es notre guide, courage, des jours meilleurs suivront. Relève la tête, ton chemin est tracé …………. reste à le parcourir (soit serein). Bien à toi.

  • Allez voir Google Earth: le nombre de photos de Jiayugan et environs est impressionnant, les unes tout à fait banales (sinon qu’elles montrent le bon état du revêtement des routes), d’autres au contraire très intéressantes, surtout celles du fort de la ville et des imposantes murailles et fortifications, qui étaient censées protéger la Chine impériale des invasions barbares. Plus loin vers l’ouest se trouvent les fameuses grottes de Mogao, couvertes de fresques (qu’on ne peut voir que très partiellement paraît-il).
    Personnellement,je préfère de beaucoup que le cyclopilote prenne bien le temps de découvrir, admirer, photographier ces sites remarquables, de même que la vie quotidienne des gens, plutôt que de s’escrimer comme un forcené à pédaler sans répit face à un vent glacial (la météo prévoit en fait un petit coup de chaud dans les jours qui viennent). Un temps pour chaque chose, c’est la sagesse. Et vive les transports en commun, quand ils offrent une opportunité de gagner un peu de bon temps!

  • boinon philippe dit :

    Salut Francois
    Tu nous fais rêver et tripper grave! Courage! j aime bien l idée de pierre claude, quitte a faire pendant 1 mois le tour du lac d Annecy pour solder ton crédit! Certains tournent bien autour des stupas…
    Une grosse pensée pour marianne également.Tu es la bienvenue avec les enfants quand tu veux pour quelques jours à Marseille!
    On t embrasse très fort et contairement à d habitude, on ne souhaite pas te revoir avant un bon bout de temps.

  • poussin dit :

    Bus interdit. La pédale est ton salut. Tu n’es pas là pour le tourisme. Ce que tu vis est passionnant. Continue comme ça. Ne l’abrège pas. Courage. Pas d’abandon. Pas de concession. C’est pas du purisme. C’est la survie même de ton voyage qui en dépend. Soit Ulysse dans la tempête. N’écoute pas le chant des sirènes. Amitiés. Alex

  • Cabriolait dit :

    VROUMVROUM !POUETPOUET!
    C’est Cabriolait qui fait un dérapage à 180° ,désolée mais j’ai lu le texte d’Alexandre Poussin et ça me fait mal , tout simplement.
    Si je pouvais faire crisser mes pneus je le ferais!Ce sera juste ma petite voix bien par sure d’elle qui va s’exprimer. .Cabriolait ce soir se métamorphose en Pénélope pour exprimer sa petite colère envers Alexandre Poussin que je ne connais pas.Petite mise au point parce que ça me met en colère ces histoires de pureté et de tralala…François,ne te laisse pas taquiner par ceux qui pensent avoir fait de leur voyage L’IDEAL DU VOYAGE.Le chant des sirènes il y a bien longtemps qu’il résonne depuis Villaz dans la tête de François ,et lorsque il a décidé de partir à la rencontre des gens et de la route sur le parcours de l’avion ,il savait que le plus difficile serait de renoncer à ses proches.Je sais qu’en nous quittant, il lui a fallu bien des kms avant de faire disparaître la boule au ventre qu’il avait là derrière le nombrilQuand je parle de proches,je ne parle pas de parents mais de femme et enfants ,ce qui n’est pas la même chose.Là où François résiste c’est bien là et je pense que peu de père aurait ce courage alors que ses enfants ont BESOIN de sa présence pour recevoir de l’écoute, de l’amour ,pour être encourager dans leurs activités,pour l’éducation et j’en passe.Sans compter qu’il a une petite femme ce gaillard et que toute la responsabilité de la famille repose sur ses petites épaules pas bien dodues.Pédaler dans la tempête,dans la neige ,dans le froid,quand tu sais que personne ne t’attend,quand personne ne te manque réellement,je pense que même moi du haut de mon mètre 68 et de mes 54 kg je pourrai le faire,si j’avais pas de gosses et que le temps ne m’était pas compté.C’est pas de la prétention,loin de là.Nous avons tous une capacité d’aptitude énorme et surtout méconnaissable( mais ça c’est un autre sujet).Tout ça se sont des histoires de priorité,de challenge aussi contre soi-même.Alexandre,personne ne demande à François d’abandonner, bien au contraire,mais chacun exprime des idées afin qu’il puisse essayer de trouver la voie qui lui corrresponde le mieux.Pour chacun d’entre nous,le chemin que nous voulons inscrire dépend irrémédiablement de notre histoire,on veut parfois réparer,
    ce qui compte en fait c’est de créer à sa manière et c’est ça le plus juste et le plus beau ,il faut que cela nous corresponde entièrement.Et ce qui touche quelqu’un peut ne pas forcément toucher son prochain.Alors Alexandre,je t’en supplie,fais part d’un peu plus de tolérance de respect de la différence,si François n’utilise pas la même éthique que toi ,il n’en est pas moins un voyageur à sa manière.
    Que cela ne te blesse pas,bien à toi.
    Cabriolait.

  • Cabriolait dit :

    N.B.
    La prochaine fois je me relirai avant de cliquer pour corriger les fautes…Sorry…
    du coup j’en profite pour poser une question à Alexandre,pourquoi penses-tu que si François prenait le bus,cela mettrait en péril la suite de son voyage?Toi même tu as terminé un voyage tout en ne réussissant pas à appliquer ce que tu t’étais fixé au départ.Je suis d’accord qu’il faille de la rigueur,parce qu’à la base de la difficulté on est toujours confronté aux choix et si on veut vraiment avancer ,il faut s’économiser dans ses pensées et dans ses actes.
    Un peu de sagesse et de douceur ne font pas de mal et n’empêchent pas d’aller de l’avant.
    Cabriolait.

  • Claire SUCHEL dit :

    C’est sympa les blogs, on apprend beaucoup à réfléchir.
    J’avais lu dans le projet que le cyclopilote voulait suivre au plus près la ligne aérienne du vol AF 105, à bicyclette, entre Canton et Roissy. Je n’ai trouvé aucune interdiction d’utiliser, un bus… j’ai peut être mal su lire.

    Je connaissais un peu la religion catholique, religion du Salut, mais en apprenant que la pédale était le salut du cyclopilote, j’ai compris que le cyclopilote était en damort

  • gaelle dit :

    @poussin
    J’espère que François reviendra de ce voyage intérieur avec d’autres valeurs que les votres,Alexandre, plus subtiles… Vos principes, qui me paraissent imbéciles tant ils sont figés, me font froid dans le dos… Je ne vois là rien d’autre qu’un carcan qu’il faudrait s’imposer pour que le jeu soit validé, et il faudrait en tirer du mérite? de la gloire peut être? Aucune place laissée à la liberté, à l’esprit qui s’ouvre, à l’évolution, à tout ce qui fait la richesse d’une telle aventure…. Je lis et relis votre message, et je ne peux m’empécher de sourire devant tant de bétise…
    gaëlle

  • Claire SUCHEL dit :

    C’est sympa les blogs, on apprend à utiliser l’informatique!!!

    …Donc, j’ai compris que le cyclopilote était en danger de mort et que la pédale allait le sauver…j’ai peut être mal compris.

    J’ai pensé que toute rencontre était potentiellement riche parce qu’elle pouvait ébranler nos raideurs intérieures …et nous faire reconnaître le bien fondé d’une autre façon de penser… Je crois que j’ai bien pensé, non?…

  • Personnellement,j’éprouve admiration et respect pour l’éthique d’Alexandre, fondée sur une exigence sans faille. Je dirais simplement et le plus sereinement du monde que les objectifs de François ne sont pas vraiment les mêmes et n’en sont pas moins respectables. Il appartient à lui seul de les définir exactement, mais il me semble que, dans son cas, le contexte familial, les impératifs du calendrier, la manière d’envisager les découvertes et rencontres du voyage et l’image-même que l’on se fait de soi déterminent d’autres priorités que celle de réaliser à tout prix l’intégralité du parcours à vélo. A chacun son chemin et la façon de le tracer…

  • philippe dit :

    Je voudrais humblement apporter mon point de vue.
    Ce voyage Gigi il fallait que tu le fasses, tu en avais trop envie, aucun doute la dessus.
    Maintenant que tu es parti que tu prennes le bus , le train , un avion ou un sous marin nucléaire … on s’en fou …
    Ton voyage il est intérieur, je suis sur qu’il t’apportera beaucoup, il ne peut être qu’un succès quoiqu’il arrive, il fallait partir ..

    Voici un poème que j’aime beaucoup. Il me paraît fort à propos.
    Vous pouvez l’écouter dans le dernier album d’ Olivia Ruiz, il faut attendre un peu il suit la chanson Eight O’clock.

    Bonne route mon GIGI et TAKE CARE.

    Six mètres, plus que six mètres
    Pour couper la ligne d’arrivée
    Gerber enfin dans le trophée
    La pilule amère de la gloire
    Payer l’impôt de la victoire

    Six mètres, rien que six mètres
    Le corps crucifié au guidon
    Dans les reins, les crocs du peloton
    Casser la roue de l’infortune
    Et le sourire pour la une

    – Six mètres, juste six mètres
    Poing levé, et point à la ligne
    Brandissant le bouquet d’épines
    Craquer pour croquer le ruban
    Avec la rage, avec les dents

    – Cinq mètres ! Les plus longs !
    Cinq mètres !
    Cracher, tituber sur la route
    Vaciller au doute à goutte
    Au dernier lacet étrangleur
    Boire la coupe jusqu’à la sueur

    – Deux mètres !
    Et puis le dernier mètre
    Et soudain, l’envie de plus rien
    – Ou juste de bloquer les freins
    L’envie de faire sauter la chaîne
    D’une overdose d’oxygène

    – Déserter à vingt centimètres
    À vingt centimètres du fil
    Se fondre et regarder la file
    – Des autres qui passent devant
    Les applaudir, le nez au vent
    Refuser le prix de l’effort
    D’être le plus beau, le plus fort

    – Et puis s’y mettre,
    Mais s’y mettre tous !
    Ni dieux devant, ni chiens aux trousses
    – S’y mettre !
    S’y mettre tous et plus de maître
    Que le désir d’être et renaître
    Se redresser, lever la jambe

    – Être ensemble
    Vainqueurs, tous ensemble
    – Des millions de prem’s ex aequo
    – Millions de champions illégaux
    Ensemble, escalader les marches
    Tous ensemble, passer sous l’arche

    – S’y mettre, plus qu’à s’y mettre
    Plus qu’à s’y mettre.

  • Cabriolait dit :

    Merci Fifi pour ce Poème
    Dans cette vie de Bohème
    Il est bon quand tu Sèmes
    Des tas de « je t’Aime »
    Pour celui que j’Aime

  • François, je suis toujours aussi intéressée et admirative mais je frémis aussi devant ce que les intempéries -peut-être pas tout à fait prévisibles lorsque tu préparais ce voyage,- te demandent comme effort depuis maintenant plusieurs jours ou même semaines . Alors ne serait-il pas possible de décider que 2010 serait l’année où tu rends hommage à la Chine et ‘arrêter par exemple à Tacheng, puis une autre année tes attentions génèreuses seraient pour le Kazahkstan ; Je s

  • Mon commentaire est parti sans que je comprenne …je n’avais pas fini mais l’essentiel y était .
    Par ailleurs j’ai eu en main une carte postale dont le dessin m’a fait sourire, elle était assortie d’un proverbe ivoirien : »Si tu vois un serpent sur une bicyclette, c’est qu’il a trouvé un moyen de pédaler sans les pieds »..J’essaierai de voir Amadou mon vieil ami africain pour qu’il me dise ce qu’il en pense …

  • Ange et Noëlle Demolli dit :

    Je copie « Cabriolait » : » un peu de sagesse et de douceur ne font pas de mal ». Je suis profondément d’accord. Les rencontres, tu en as faites ! La rigueur tu l’as montrée ! Tu n’as rien à nous prouver – à nous – Le reste c’est ta liberté ! ça n’appartient qu’à toi, qu’à vous et c’est superbe comme ça

  • Renée SUCHEL dit :

    Quand les éléments naturels se déchaînent comme ce fut le cas malheureusement ces derniers jours, lutter contre cette violence en pédalant comme un forcené ne sert à rien, si ce n’est à s’épuiser physiquement, moralement, et à prendre « la crève » de l’année. La fièvre t’embue l’esprit, et le Tout rassemblé ne te permet plus d’être lucide, et instille le doute !
    Ce fabuleux voyage que tu effectues en vélo pour aller à la rencontre des autres, à la découverte de nouveaux horizons dans un délai imparti,… n’est pas une
    « compétition cycliste » à tout prix : il ne doit pas se transformer en CAUCHEMAR, mais doit rester un réel plaisir malgré les aléas quotidiens inévitables.
    Tu nous dis avoir brisé le tabou : MAIS A L’IMPOSSIBLE, NUL N’EST TENU ! Tu as pris la bonne décision en te résignant à emprunter le bus, car braver les caprices de la Nature que l’humain ne maîtrise, eût été pure folie !!!
    Avant tout, profite de ce repos forcé pour te
    « requinquer », c’est primordial. Ensuite la situation s’éclaircira.
    Ton IDEAL tu le réalises et le vit chaque jour, et cette soit disant « entorse à l’éthique » ne doit surtout pas entamer ton moral, et n’entache en rien cet Idéal que tu vas poursuivre j’en suis convaincue. Sans le perdre de vue, lorsque tu vas rencontrer des conditions extrêmes, tu as le devoir d’être raisonnable et de t’adapter en choisissant la meilleure solution pour te ménager tout en privilégiant tes motivations premières. Ne te mets pas la pression, retrouve la sérénité.
    Dans tous les cas, les choix concernant la gestion de ton voyage, t’appartiennent, vous appartiennent. TU ES LE SEUL MAITRE A BORD.
    Lorsque tu atterriras à RCDG, je crois que tu auras largement les 12 000 km fixés au départ de CANTON dans les mollets !
    COURAGE et BON RETABLISSEMENT pour la suite. A bientôt.

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