À propos de François

Vers le métier de pilote de ligne

Je suis né à Yaoundé (Cameroun) en 1969. Au retour d’Afrique, j’effectue ma scolarité à Saint-Etienne. À la fin de mon année de Math Sup au lycée Claude Fauriel, je réussis le concours Ab Initio d’Air France ainsi que celui de l’ENAC pilote. Je choisis la filière proposée par la compagnie nationale et découvre, à 18 ans, les joies du pilotage. Dinard, Phoenix (USA), Merville puis St-Yan : pendant 3 ans, mes camarades de promotion et moi-même découvrons plusieurs lieux de formation pour terminer nos études en pilotant une Corvette SN-601 (biréacteur léger) au début de l’année 1991. Nous sommes alors prêts pour une qualification de type sur avion de ligne.

Premiers vols en CAP 10 à Dinard en 1989

Notre promotion de pilote FI3A à Phoenix (USA) en 1990

Mes camarades de promotion et la Corvette à ST YAN début 1991

Mon premier avion de ligne : Boeing 737-200

J’intègre Air France en tant que copilote dans les mois qui suivent sur Boeing 737-200. Un rêve d’adolescent devenu réalité à l’âge de 21 ans. Tout me parait beau : les machines volantes et hurlantes, le métier de pilote, la vie en équipage. Après 2 années sur le réseau moyen-courrier, je passe la qualification sur Airbus A340 en 1994 qui me donne accès au long courrier. C’est encore plus beau car, outre le pilotage sur de très beaux avions, je découvre la dimension de l’évasion, du voyage. À cette époque, je possède un ULM pendulaire que je considère comme une mobylette du ciel. Rien ne peut m’arriver (du moins je le crois) : je me pose dans les champs pour une envie pressante, sur les rives de la Loire, sur l’A5 en construction, je trempe mes pieds dans les champs de colza en rase motte au printemps.

Portrait à coté de mon ULM pendulaire

Baptême de mon père sur l’ULM à l’occasion de ses 60 ans

Avec des amis, nous louons des avions pour un mémorable voyage en Afrique Australe : de l’Afrique du sud au Namib, du delta de l’Okavango aux chutes Victoria. Déjà, la photographie que j’avais découverte aux USA, m’attire.

À cette époque, tout me semble possible. Côté sport, nous grimpons l’Aconcagua avec mon ami Christopher, je voyage beaucoup : en terre de feu, en Australie et ailleurs.

Au sommet de l’Aconcagua (6960m), point culminant des Amériques

Ma petite tente près de la laguna Miscanti, Altiplano, Chili

Puis je reprends des études de Biologie à l’université de Jussieu dans l’idée de devenir astronaute. J’effectue mon stage de DEUG (BAC+2) au laboratoire de biologie du développement de Toulouse lors de la mission Cassiopée de Claudie Haigneré en 1996. Je pars avec les scientifiques récupérer les échantillons à Moscou et nous assistons à l’atterrissage depuis la cité des étoiles ! Un souvenir magique. Mais l’absence de perspective à l’époque me fait renoncer à poursuivre ces études et j’abandonne ce rêve de l’espace (Il n’y aura aucun recrutement d’astronaute par l’ESA entre 1992 et 2008 où mon collègue pilote Thomas Pesquet sera retenu).


Claudie Haigneré et ses collègues russes à son arrivée à la cité des étoiles après son atterrissage au Kazakhstan

En dehors de mon métier de pilote et de diverses pratiques sportives, je me tourne alors à fond vers la photographie. C’est la période nomade du ciel.

Technicien ou artiste ?

Pilote de ligne est un métier très technique avec un fort accent sur les facteurs humains. Les compétences exigées sont multiples, mais une chose est certaine, ce n’est pas un métier d’artiste. Or j’ai toujours eu au fond de moi cette fibre, cette attirance pour l’art et la culture. La photographie (d’abord de paysage) me permet de l’exprimer, avant que ne vienne plus tard la réalisation de film et l’écriture.

Je profite de mes rotations long courrier pour vadrouiller en quête de sites remarquables comme ici les rochers de Kushimoto au Japon (à quelques heures de routes d’Osaka) ou les chutes d’Iguaçu à la frontière Brésil/Argentine (une portée d’ailes de Buenos Aires).

Je m’intéresse beaucoup au travail d’autres photographes, je parcours les expos et les musées partout dans le monde, mais surtout je collectionne les livres de photographie. C’est essentiellement cela qui forge mon regard.


Un petit bijou de l’édition photographique, vite épuisé : Hokkaido de Michael Kenna
La couverture du livre est en bois de bouleau

J’admire de nombreux photographes parmi lesquels Daido Moriyama, Anders Petersen, Martin Parr ou Raymond Depardon. Des photographes qui ont inventé une nouvelle voie et dont on reconnait la « patte » inimitable.

En tant que pilote de ligne, le meilleur moyen d’exprimer ma sensibilité artistique est donc d’imaginer des projets en lien avec mon métier. Nomade du ciel sera le premier, un projet fondateur qui durera 7 ans et qui débouchera sur un livre, des récompenses (prix Attention talent de la FNAC en 2002), des expositions et un projet de film du réalisateur François Chilowicz.

Projet NOMADE DU CIEL, Manège à Delhi

Exposition NOMADE DU CIEL aux greniers à sel de Honfleur à l’occasion de Chroniques Nomades
Ma première grande expo – 2005

Viendront ensuite d’autres projets en lien avec mon métier dont Vol d’identité (portraits d’équipages à l’arrivée des vols long courrier) et bien sûr, celui qui changera ma vie à l’aube de mes 40 ans : Sous les ailes de l’hippocampe.

Un irrépressible désir d’aventure

Côté pilote, je suis « lâché » Commandant de Bord sur A320 en mars 2008 après plusieurs mois de formation. Bien évidemment, je suis heureux car c’est l’objectif naturel de tout pilote, mais je ne suis pas pleinement épanoui. L’âme vagabonde, je rêve depuis des années de partir vraiment et je sens une petite boule dans le ventre lorsque je m’évade en lectures dans des récits d’aventure. Vient alors le temps d’arrêter de vivre par procuration et de passer à l’acte.

En décembre 2009, je prends une disponibilité de 18 mois sans solde pour mettre en œuvre une idée germée quelques mois plus tôt : relier Canton (Chine) à Paris à bicyclette, en suivant au plus près la ligne aérienne du vol AF 105.

Le soir du départ, devant le China Hôtel de Canton, le 8 janvier 2010

Sous les ailes de l’hippocampe va changer ma vie pour plusieurs raisons : grâce à cette aventure, la réalité épousera mes aspirations profondes. La quête d’intensité que j’avais assouvie les premières années de ma vie de pilote, où tout était nouveau et exaltant, s’était par la suite trouvée orpheline de grands projets. Mon activité photographique ne me suffisait pas pour vivre la vie comme je l’avais imaginé. J’avais besoin d’inconnu, de nouveauté et d’exaltation que m’apportera cette aventure sous la ligne aérienne. Ensuite, ce projet me permettra de développer de nouvelles pratiques artistiques épanouissantes : la réalisation de film et surtout l’écriture de livre, grâce aux éditions Guérin, devenues Paulsen, qui les premiers m’ont fait confiance au sein d’un milieu très fermé. Merci à eux !

L’aventure s’est ainsi prolongée bien après le retour grâce aux projections/rencontres dans des festivals ou des salons, ce qui me procure beaucoup de plaisir.

Ici avec Marianne aux rencontres du carnet de voyage de Clermont-Ferrand en 2015

Dans la foulée du Canton-Paris à vélo (que nous finirons en famille à partir de Prague), nous partons en Polynésie française pendant plusieurs mois en famille. C’est une autre aventure marquante de ma vie, une tranche de vie familiale pour ouvrir de nouvelles portes : prendre le temps de vivre, laisser la spontanéité nous guider. J’espère surtout que pendant ce périple, nos enfants auront été piqués par le virus de l’aventure et de l’audace. Je souhaiterais qu’ils ne s’interdisent rien dans la vie.

Lou, la James Bond’s girl de Raivavae, une île de l’archipel des Australes !

Retour sur long courrier

Depuis mars 2016, je suis commandant de bord sur Boeing 777. J’aime beaucoup cet avion hyper performant et d’une fiabilité étonnante. La joie de cette nouvelle fonction, l’aboutissement de ma carrière de pilote, est néanmoins ternie par une préoccupation grandissante : la place du transport aérien dans la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique. Je n’ai pas résolu ce dilemme : comment continuer à exercer un métier que l’on aime tout en sachant être un acteur d’un système que l’on réprouve ? Ces questions, ainsi que l’écriture occuperont une place importante dans ma vie pour les années à venir.