Tous ensemble. A Prague. Le choc.
Non pour la beauté de ses édifices baroques ou le romantisme du pont Charles mais pour le fourmillement des touristes. Entre l’hélicoptère survolant la ville, le ballon biplace gonflé à l’hélium, les calèches, les voitures anciennes années 30 trimbalant quelques japonais et tout l’attirail classique, hôtels, restaurants, portraitistes, vendeurs de bricoles, les tchèques ont transformé leur capitale en foire digne de Disneyland. Au coeur de cette usine à touristes, nous tentons de nous retrouver. Et ce n’est pas si évident. Comment se raconter tout le temps passé séparément? Chacun doit reprendre ses marques et se réhabituer à l’autre. Lou n’a pas reconnu son papa, cet homme des bois à la barbe touffue, les cheveux en bataille. La coupure fut nette plusieurs semaines auparavant. Le rassemblement sera progressif.
Voici notre équipe: Marianne, mon épouse; Juliette, 11 ans, Noé, 10 ans, Lou, 7 ans et Samuel, mon neveu de 15 ans qui a voulu nous accompagner.
Nous prenons la route le 10 août pour rejoindre Karoly Vary, sous la ligne aérienne puisque Prague est un peu à l’écart. Un pneu crevé, une chaîne cassée et le plateau du tandem tordu dans la soute de l’avion; voilà quelques galères qui rendent notre mise en jambe laborieuse. Nous n’avançons guère. Très vite je suis confronté à la nouvelle réalité: les enfants ne semblent pas s’éclater à pédaler et réclament sans cesse leur maison. Nous voulons arriver à Paris le 3 septembre car un autre voyage nous attend après celui-là. Cette échéance nous met la pression et contredit tout l’intérêt du voyage à vélo où le temps doit pouvoir se dilater. L’objectif d’une cinquantaine de kilomètres journalier est ambitieux dans une région vallonnée où nous grillons beaucoup de cartouches.
Ainsi se transfère l’énergie: de l’homme des bois solitaire, les écoutilles pleines ouvertes, l’appareil photo en bandoulière et l’esprit vagabond au père de famille, au mari encore tatonnant avec son épouse délaissée pendant si longtemps, au co-organisateur de journées épuisantes consacrées à penser aux pentes qui nous attendent, aux vivres nécessaires, à la stabilité de mon nouveau camion si lourd (mon vélo et la troisième roue chevauchée par Lou), à la fatigue des enfants et de toute la troupe. Un exercice d’équilibriste semé de doutes qui ne me laisse plus rien dans le bide la nuit venue.
Nous parvenons fièrement à Bayreuth le 16 août malgré la pluie et le vent. Après un jour de repos à Karlsbad (ou Karoly Vary en Rép. Tchèque) et une après-midi à la piscine, spa, sauna, nous voici en République Fédérale d’Allemagne. Le premier pays depuis le départ de Canton qui n’est pas ou n’a pas été communiste!! C’est dire l’influence de cette idéologie sur tout le continent. Nous y sommes accueillis par Traudl, une allemande, ancienne professeur de français à la retraite qui a participé pendant de nombreuses années aux jumelages scolaires entre la ville d’Annecy et celle de Bayreuth. Tout le monde est content de retrouver le confort et la chaleur d’une maison!
Pour la suite des ajustements vont être nécessaire afin de ne rouler chaque jour que le temps qui nous convient pour être bien et profiter de nos étapes. L’effort oui mais maintenant le plaisir aussi et surtout ne pas dégoûter les enfants!
coucou, allez courage c’est dur!mais vous êtes en familles et ça c’est formidable nous pensons à vous.
je reste en contact et je vous suis par la pensée.