De la vallée de Pindar à Munsyari

Vu du balcon de notre chambre d’hôtel, Munsyari offre un contraste saisissant. Vers le haut, le Panchchuli domine la vallée de ses 6904 mètres. Son élégante pyramide semble se dupliquer vers le sud en une succession de sommets plus modestes mais non moins impressionnants qui évoquent le dos d’un dragon.


–le Panchchuli vu de notre chambre à Munsyari–

Vers le bas, un ruisseau encombré de déchets en tout genre nous rappelle qu’en Inde la majesté ne cesse de côtoyer la fange. Le plastique est sans doute le plus grand défi des futures générations indiennes. Pour des centaines d’années encore, on jugera de la fréquentation d’un sentier au nombre d’emballages de chips et de bonbons qu’on écrase en passant.


–le drame des emballages qui jonchent les sentiers–

Mais pour l’apprécier, il faut prendre l’Inde comme un tout, avec ses défauts et ses qualités. Parmi celles ci, la bienveillance des habitants qui est le carburant du marcheur fatigué ou perdu. 


–la vallée de Pindar–

En remontant la magnifique vallée de Pindar, nous sommes parvenus dans le village de Kilbara au terme d’une journée marathon qui, comme presque toutes, ne s’étaient pas déroulée comme prévu. Vers 16h, nous pensions traverser la rivière au pont signalé sur notre carte sommaire, et bivouaquer près de l’eau. Mais l’unique sentier ne menait à aucun pont, il partait au contraire à l’assaut d’un éperon vertigineux que cette heure tardive nous fit détester. 500 mètres plus haut, tandis que le soleil se couchait, nous traversions à flanc, puis franchissions enfin le petit portique qui signale l’entrée dans un village. Marianne s’assit sur le rebord d’une terrasse, en hypoglycémie, tandis qu’une femme s’approchait. Oui, nous désirions dormir dans ce village, n’importe où. Mohoni Debhi nous offrir le gîte et le couvert dans sa belle maison peinte en jaune aux portes de bois sculpté. J’ai particulièrement apprécié ce moment de complicité lorsque Marianne et Mohoni se montraient leurs modestes bijoux. Toute la journée du lendemain j’ai repensé à cette soirée, au feu de bois qui crépitait pour faire griller les céréales pour les chèvres, au chapatis, aux légumes, aux trois femmes qui nous regardaient manger en souriant. 


–une cascade dans la vallée de Birthi–

Pendant ces 5 journées entre la vallée de Pindar et celle du Gauri Ganga, j’ai été frappé par le développement de ces régions montagneuses. Nous croyions parfois être parvenus au bout du monde, mais une piste n’était jamais très loin. Des conduites d’eau « artisanales » acheminent l’eau courante dans de nombreuses maisons et des lignes électriques remontent les vallées pour alimenter des maisons complément isolées sur des pentes oubliées. Chaque année, les glissements de terrain, les éboulements, les intempéries imposent des travaux d’entretien. Hier, nous sommes arrivés à Munsyari de nuit pour nous y reposer aujourd’hui. Après 10 heures d’effort, sautillant de dalle en dalle sous l’éclairage diffus de la lampe frontale, Marianne s’exclamait: « j’adore courir la nuit ». Si j’avais su, on aurait fait la grasse matinée..

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