Le ballet incessant des hélicoptères qui se croisent dans l’étroite vallée emmenant les pèlerins à 3600 mètres d’altitude en sept minutes de vol, les pujas de yogis accompagnées de prières vieilles comme le monde scandées par un brahmane et qui toutes débutent par la sonorité magique « OM », l’odeur d’urine, ancestrale elle aussi, et obsédante, suffocante des innombrables mules qui charrient hommes et marchandises le long du sentier où des courageux avancent laborieusement, une canne à la main en direction du temple, les gros pétards qui circulent dans le camp des Sadhus aux accoutrements mystiques, le chantier du village en pleine reconstruction après les inondations de 2013 qui en quelques heures ont emporté des milliers de vies, tout cela s’entrechoque dans nos têtes encore bercées par le souffle des crêtes dominant le Sahastra Tal.
Emportés par ce maelström, nous tentons de nous faufiler comme deux petites souris qui découvriraient d’un seul coup le monde ancien et le nouveau. Situé au centre d’un cirque de montagnes immaculées dont les glaciers dégoulinent de toute part, pareils aux guirlandes ceinturant le fronton du temple, Kedarnath déborde de vitalité. Son énergie nous remplit.
Au coeur du temple, dans une salle dont les murs sont parés de plaques en argent gravées, les pèlerins se bousculent pour déposer leur offrandes: des œillets d’Inde, des copeaux de noix de coco, des morceaux de sucre, des amandes, des friandises, du lait. Il faut bien nourrir les dieux afin qu’ils daignent « descendre » et se révéler à nous sous l’impulsion des brahmanes. Un monticule de ces denrées témoigne de la dévotion envers Shiva auquel est consacré Kedarnath, l’un des quatre lieux de pèlerinages de l’Himalaya. Les hindous se rendent également à Yamunotri (les sources de la Yamuna), Gangotri (les sources du Gange) et Badrinath (dédié à Vishnu). J’aurai ainsi visité trois de ces lieux au cours de mon périple.
Ayant délesté nos sacs le temps de l’aller-retour vers Kedarnath, nous descendons en courant les 16 km séparant le temple de la vallée, encouragés par de nombreux pèlerins. Parmi eux, un jeune homme de 26 ans nous regarde passer, ébahi. Nous ne le remarquons pas. Le lendemain il nous croise à nouveau sur sa moto, le long de la route menant à Chopta où se trouve un autre temple qu’il visite. Il ne s’arrête pas pour nous parler. Mais il se trouve qu’en voyage, la loi des probabilités est bien différente qu’en mathématique. Et le 18 octobre, poursuivant notre chemin vers la frontière népalaise, nous débarquons dans son village à Ramni. Dinesh Singh nous aperçoit pour la troisième fois. Il était écrit que nous dormirions chez lui ce soir là.
Cette histoire me fait penser modestement à la rencontre que j’ai faite à cuba d’un jeune cubain qui me regardait dîner chez l’habitant sans oser m’aborder et qui après une nuit ne nous a plus quitté pendant 4 ou 5 jours…c’était génial quelle rencontre!
Quel voyage vous vivez là et vous nous faites vivre au travers de ces photos…on était déjà habitué par toi francois…
Marianne, accroche toi, mais je trouve que tu te débrouilles très bien…c’est toi qui m’a dit qu’il valait mieux se poser au « buffet » d’un semi marathon lol plutôt que de continuer à courir sans s’arrêter pour faire une performance…donc ACT. Je suis sur qu’il y a, le long de la route, de bons buffets partout repérés par TRIPESadvisor (triple looooool).
Bon courage de Marseille à tous les deux pour cette belle aventure
Après je dois passer chez les pauls pour dépoussiérer l’ordinateur et leur montrer comment mettre un commentaire sur le blog du père suchel dirait Corinne, que veux tu, il découvrent à peine l’Anternet, extraordinaire !
Pour cette nuit et la suivante, je vous souhaite à vous deux aussi un bon grand bivouac 😉
PC
Quelle extraordinaire expérience! Merci pour ces photos envoûtantes et si esthétiques (la 1ère et la 5e surtout)! Puisse Shiva vous protéger pour avoir participé au culte qui lui est rendu! Nous vous accompagnons au jour le jour par la pensée et le cœur.