23,24,25,26. Quatre journees presque identiques qui m’enseignent une fois de plus la patience. Un long voyage a velo ou a pied en est la meilleure ecole. Reveil 6h, je fais chauffer l’eau pour le the. Du the vert achete a Emin, la ville interdite chinoise. Une souvenir de l’epreuve du printemps. Petit dejeuner pas tres copieux, l’appetit vient en pedalant. Je plie le camp en enfilant mon short et T-shirt bicyclette au dernier moment. Ils sont toujours un peu lourds de sueur et de crasse. Une regle s’impose alors: diviser les grandes distances en petits morceaux, pour les rendre accessibles.

Ainsi, la matinee se decompose en deux temps: un premier « Moderato » qui m’emmenera jusqu’au 30eme kilometre. Je fais alors une pause accompagnee de quelques calories. Puis le deuxieme mouvement « Allegro » pour se positionner du bon cote, entre 60 et 70 kilometres, au-dela de la moitie des efforts journaliers. Les jambes commencent a faire mal, il est temps de trouver un « KAфE » en bord de route ou je pourrai me restaurer.

Vient ensuite un long moment de repos pendant les heures ou le soleil rend la progression trop penible. Je n’arrive a dormir que par micro coupure. Des court-circuits pas plus longs qu’une etincelle, mais salvateurs. Il faut dire qu’etant allonge dans l’herbe, il y a toujours une fourmi, une puce ou un moustique pour me reveiller a l’instant meme ou je sombre.

Un peu de lecture. Ce dictionnaire amoureux de la Russie est un pave que j’ai longtemps hesite a emmener. Je ne regrette pas car sa lecture est un voyage dans la culture russe qui eclaire mon parcours. Vers 16h, le depart du 3eme mouvement de ce concerto pour 2 roues en sol majeur. D’avoir mis du bitume derriere moi le matin me rend l’apres-midi plus leger. C’est donc « Allegretto » que j’enquille les 40 kilometres suffisants pour remplir ma besace quotidienne. Et lorsqu’un etang se profile avec la perspective d’y diluer toute ma crasse, c’est en point d’orgue que je conclus cette partition bien rodee.

En jouant de cette musique-la, j’aurai reussi a mettre en oeuvre un precepte ideal mais rarement applique depuis Canton: s’arreter a l’etape avant que la fatigue ne m’y invite. Mais l’ironie du sort aura voulu que malgre mes tentatives, je n’y fasse aucune rencontre.

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  • Hello François
    Je te lis, je savoure, ce soir j’ai tout simplment envie de te dire combien c’est bon de te retrouver et de partager avec toi ces moments nouveaux chaque jour … .
    Avec mon salut affectueux ,et Charentais pour l’instant Anne-Marie

  • François Motin dit :

    Un petit bonjour de François à François !
    J’ai déjà lu plusieurs de tes articles riches en émotions! Grâce à toi on peut s’échapper quelques instants. Une envie d’évasion… J’ai hâte de continuer à parcourir les lignes du site !

    Un grand bravo pour ta motivation et ton courage pour avoir concrétisé une idée folle mais tout aussi incroyable, malgré les difficultés que tu rencontres lors de ton voyage.

    Je te souhaite une excellente continuation, de profiter à fond de chaque moments, (qu’ils soient bons ou moins bons…) et également de te revoir bientôt pour quelques questions… Et oui, le rêve se rapproche de plus en plus !

  • Chrystel et Rudy dit :

    Bonjour,
    Le bulletin du jour est une joie de vivre retrouvée (ce qui nous fait très plaisir). Nous sommes transportés sur cette musique qui nous berce et nous ferait presqu’envier ta place si ce n’est que nous n’avons pas les mollets « aiguisés ». En ces temps de festivals foisonnants partout en France, tu nous fais tourner la tête sur ta mélodie, qui, on ne le sait plus est celle d’un grand voyageur qui nous fait partager son reportage photos ou d’un cycliste, qui, somme tout souffre alors que nous nous abreuvons de tes récits. L’aventure est fort belle et nous restons à tes cotés pour te soutenir. De par ta « poésie » nous sommes devenus des « inconditionnels » du vélo. Courage.

  • Nicolas dit :

    Bonjour François,

    De retour de LED ça fait plaisir de te relire et surtout de voir tes photos de cette Russie champêtre que je ne connais pas encore. J’ai bien aimé ta description de l’hôtel de Sheremetyevo 😉

    Nicolas, copi 320

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