Jiayuguan: la fin d’une Chine

Je survolais Jiayuguan. L’atmosphere etait parfaitement calme. Nous venions d’effectuer notre compte-rendu de position avant de quitter le controle aerien de Lanzhou. Un Lapsang Souchong fumait tranquillement sur ma tablette et me voilait legerement les ecrans LCD sur lesquels je pouvais lire une assiette de 2,5 degres. Encore 7 heures de vol et je poserais la bestiole a Paris.

Du haut de mes 35000 pieds je me suis alors penche par le hublot et qu’est ce que j’ai vu? L’ombre de moi-meme pedalant sur une route enneigee face au vent, au bout du rouleau. 4300 km au compteur de l’absolu qui allait me couter ce voyage.

Le pilote s’est etonne de l’amnesie du cycliste. Difficile d’etre un cyclopilote photographe. Le velo etait important, primordial meme, mais quitter la machine volante pour devenir une machine a pedaler n’etait simplement pas le but de l’aventure. Le cycliste a fini par le comprendre et il a pris le bus.

J’ai refait des photos hier soir et j’ai repris ma camera. Si le principe du velo et les transitions qu’il autorise conserve toute sa valeur a mes yeux, je ne saurais sacrifier mon envie de voir, de temoigner et les besoins reciproques de la famille sur l’autel d’un ideal puriste et de ses exigences.

Il y aura donc des compromis dans ce voyage mais la route de Paris reste heureusement ouverte, a bicyclette! Quelques jours de repos pour soigner ma creve a jiayuguan puis je reprendrai la route de soi, celle de la soie vers Hami puis Turpan.