_MG_2748Pedaler en Chine du sud etait tout sauf bucolique. Pedaler en Chine du nord peut s’averer austere. Mais entre le petit froid humide et le grand froid sec, j’ai choisi, pour l’instant, mon camp. 2 jours apres Chengdu j’ai salue l’arrivee de la neige. Depuis je ne l’ai plus quitte. En revanche plus de travaux a chaque coin de rue, plus de poussiere a avaler ou de boues a nettoyer, mais des routes bonnes voire excellentes. Plus de jeux de cartes en bord de route ou de the chaud en terrasse mais des espaces qui s’agrandissent. En signe de respect les maisons, elles, s’aplatissent. En general pas d’etage et une structure carre avec cour interieure.

De longues haies de peupliers ou de bouleaux fraichement plantes ainsi que 13 camions charges d’immenses pales d’eoliennes ne me disent rien qui vaille et me previennent que la m’attend mon pire ennemi, pret a contrecarrer tous mes plans.

Si le sud sentait le ciment et le goudron, le nord a un petit air de far west, ou plutot de far north! Le 4 mars je longe pour la premiere fois un mur de cailloux vieux de deux mille ans. Un chinois qui semble avoir perdu la raison face aux vestiges de l’histoire court dessus, m’interpelle, puis poursuit son footing en sautant sur les bornes de signalisation. Je passe la journee a cheval entre le monde civilise et celui des barbares, emu d’etre parvenu aux confins, en lisiere du Gobi, de l’ancien empire de Chine. Mais le temps ne prete guere a la contemplation.

pendant ces premiers jours de mars j’ai froid. Les interieurs sont chauffes ce qui constitue une difference notable avec le sud mais qui signifie aussi que pour pedaler, c’est pas de quartier! Pluie, neige, vent, un cocktail de printemps qui ne sent pas le bourgeon. Je grille beaucoup de jus et la fatigue s’accumule.

A Wuwei je penetre dans le corridor du Hexi, un etroit defile qu’empruntaient marchands, pelerins, diplomates et un certain aventurier nomme Marco Polo a une epoque ou les voies maritimes reliant l’Est a l’Ouest n’existaient pas. Difficile d’imaginer les caravanes de chameaux vu de la bande d’arret d’urgence. A ma gauche les Qilian Shan qui depassent les 5000m. A ma droite un modeste 3700m puis les sables du desert d’Alashan. C’est d’aileurs pour profiter des splendeurs du Badain Jahran que je force l’allure. La-bas, des dunes et lacs entremeles que j’ai longtemps contemples vu du ciel marqueront le debut de ma course vers l’Ouest. J’y prendrai definitivement le chemin de l’Occident.

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  • Quand je t’ai envoyé mon dernier message météo, avec cette question saugrenue: « pourquoi ce détour au N? », tu n’avais pas encore mis en place le texte qui précède. Maintenant je comprends… La fascination du désert… Ce serait mesquin de dire « vaut le détour », comme sur le guide Michelin. Il s’agit plutôt d’une immersion dans un monde nouveau à découvrir, avec promesse de photos merveilleuses et insolites. Plus que tous ceux qui précèdent, ton texte me fait rêver, tant il est riche en évocations. J’aime « les espaces qui s’agrandissent » et les « splendeurs du Badain Jahran ».
    Quant au défi que te lance le vent, après celui de la « grosse caillante », on va s’en occuper sérieusement et y prêter attention. Il y aussi des bons vents qui propulsent vers l’ouest.

  • Jean-Paul dit :

    Alors, le cyclopilote, tu es vraiment entré dans le dur!! J’imagine qu’au delà des rencontres uniques, des sites grandioses, des paysages et surtout des ‘ambiances’, il y a de longues périodes où il faut avaler des kilomètres contre ce p… de vent, et pendant que les molets moulinent ça doit aussi pas mal mouliner sous le casque? Alors là, j’espère que tu ne doutes pas que toute ta ‘tribu’ est derrière toi (inutile de te retourner, c’est juste un image, on est bien au chaud calés derrière nos ordinateurs): la famille (Marianne et les mouches à boeufs en premier), les potes, les collègues, ceux que tu as rencontrés depuis le 10 janvier. Ces moments de galère, de caillantes, de blues et j’en passe seront vite oubliés et il restera ce vécu UNIQUE qui vaut tout l’or du monde (si tant est que l’or ait une réelle valeur). Et si le challenge physique de ton trip est une vraie performance, ce qui compte avant tout (de mon humble point de vue) sont toutes les émotions des rencontres avec les gens et les paysages. Donc, comme disait Jim Morrison : Take it easy baby, take it as it comes. Dans ton cas, ça veut dire: si les keufs te ramassent et te font faire 30km dans leur pick-up, la belle affaire!! Est-ce bien nécessaire de revenir en arrière pour refaire ces kilomètres? Coooool, Man! Personne n’est en droit de te critiquer parce que tu aurais fait 12470km au lieu de 12500. Car pas grand monde est capable de faire ces 12470km. Et en plus les hazards de la route t’amènent sans doute à faire des détours imprévus. Ne te mets pas la pression, il y a déjà assez du vent, du froid et de la neige.
    Profites-en bien, éclates-toi!
    Bon, encore une fois tu me pousses à trop écrire.
    J’te pète la bise! JP

  • SUCHEL Claire dit :

    Tu es au coeur du défi chinois: stupeur et encouragements! Une découverte scientifique de dernière heure relayée par le quotidien chinois FALOVCINCENTUN fait état d’un phénomène qui mérite attention: en Mongolie intérieure, la qualité de la neige de mars, liée à la vitesse du vent qui peut atteindre 100 km/h, donne à des cyclistes pédalant sans relâche la possibilité de produire des endomorphines d’une qualité exceptionnelle, leur permettant, en déjouant la douleur, des records d’endurance au pédalage autorisant jusqu’à 175 km par jour, avec une charge de 30 kg et par une température de -7° à -13°. L’énergie ainsi fournie est de l’ordre de 47000 joules. Un comité d’expérimentation vient de se créer, dans le cadre du développement durable et de l’écologie : faire pédaler 2 millions de volontaires dans cette région privilégiée fournirait l’énergie nécessaire pour pousser un train de 56 wagons entre Alxa Youqi et Xingxingxia sans produire de dioxyde de carbone. Déja, un million de volontaires affluent à Alxa Youqi, prêts à tenter l’expérience… Ils occupent, ce jour, tous les hôtels de la ville. Les reporters photographes sont sur le qui-vive!
    Bon, ça va bien, arrête de nous glacer le sang : tu les auras les Badains Jarans du Shamo, mais en ce moment ils doivent se geler les bosses!
    Comme tu peux le comprendre, on te suit mais on n’ose pas te dire « bon vent », on sait qu’il va encore sévir.

  • NZo dit :

    Salut la Gige ! En direct de la cité (ça te dit quelque chose ?) , j’ai un peu de béton alors j’en profite pour aller voir où t’en es.Le temps passse tellement vite ici que j’ai du mal à imaginer ce que représentent tous ces km que tu avales .Ca me paraît énorme ! J’espère que tu penses à faire quelques étirements pour tes p’tits musc’ , hein ? ;-). Bon, moi je me fais une course de 50 bornes ( VTT et c.a.p )en juin , je me sens ridicule !
    Tchawww Man

  • Jean-Paul dit :

    Keep on biking! Nous sommes très nombreux au bord de ta route virtuelle, mais heureusement, tu ne nous vois pas. Nous gacherions le paysage.

  • Robinson Marie-Laure dit :

    Sans connexion internet du 11 janvier au 3 mars dernier, c’est seulement aujourd’hui que j’ai le plaisir de lire ton journal de bord ! Félicitations pour tous les kilomètres parcourus et pour les superbes photos que tu nous fait partager. Brice, Donan, Quentin et Goulven se joignent à moi pour t’embrasser bien amicalement.
    Marie-Laure

  • Jean-Paul dit :

    Ton métier de pilote t’a appris à analyser les situations et à prendre les décisions les plus sages. L’exploit physique et sportif est énorme. Le doute fait partie de l’action. A nouveau, ce qui compte c’est ce que tu vis: la qualité de tes roncontres avec les gens et les lieux. AUcune décision n’est gravée dans le marbre. Elle peut être remise en cause l’instant d’après. Bravo pour ton exploit. Tu as encore beaucoup de gens et de lieux à rencontrer. Alors un coup de pédale en moins, un km sur un pick-up en plus, là n’est pas l’essentiel. Bonne route.

  • Valou dit :

    « C’est le propre des grands voyageurs que de ramener tout autre chose que ce qu’on allait chercher. » Nicolas BOUVIER

  • « En raison de ses caractéristiques géographiques et climatiques, le Désert de Gobi est balayé toute l’année par de puissants vents. En août 2009, la construction du plus grand complexe éolien mondial a débuté près de la ville de Jiuquan (district de Guazhou, préfecture de Jiuquan, Gansu occidental). Lors de sa mise en service prévue en 2015, ce champ éolien sera en mesure de générer une puissance de 12,71 GWh. Ce complexe sera alors le premier au niveau mondial à délivrer une puissance supérieure à 10 MWh…
    La préfecture de Jiuquan possède des ressources uniques dans le domaine éolien tandis que le district de Guazhou est surnommé « l’entrepôt mondial du vent ». Selon un responsable préfectoral chargé de l’énergie, la capacité des complexes éoliens exploitables s’élève à 40 GWh… »
    (informations extraites de Nations Presse Info)
    Ca promet pour le cyclopilote, que je ne voudrais pas décourager pour autant! Le texte ne dit pas si ces vents remarquables sont forcément contraires au cheminement du cyclopilote!

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