Bonjour a tous,
Heureux de pouvoir vous donner quelques cyber-nouvelles. Enfin arrive a Karaganda, 1 million d’habitants au coeur des steppes apres 800 km de traversee oh combien magique. Que de choses a dire…
D’abord, une petite presentation generale: le Kazakhstan est une vaste demeure de plein pied ouverte sur une nature sauvage. La cave est remplie de bon vin mais l’on a cambriole tout le RDC. En effet, la richesse exceptionnelle du sous-sol n’a d’egal que le vide grandiose de la surface. Le Kazakhstan est une catastrophe ecologique a lui tout seul. Si l’on ne considere que la mer d’Aral et le polygone nucleaire de Semipalatinsk, on tient la deux des plus grands scandales ecologiques de tous les temps. Mais si les sovietiques ont reussi l’exploit d’assecher une mer en 50 ans, les anglais ne sont pas en reste puisqu’ils sont en train d’en remplir une autre avec du petrole! Le kazakhstan est aussi l’histoire de la victoire des sedentaires sur les nomades, de l’ecrit sur l’oral et de l’agriculture sur le pastoralisme. Mais les sovietiques n’ont pas tue l’ame kazakhe: un heureux melange de simplicite et de courage, de robustesse et de bienveillance. Je n’ai cesse de le constater au gre de mes rencontres dont voici un exemple:
Dans ce type de voyage, on trouve toujours une bonne raison pour avoir peur de quelque chose: les machines, la nature, les hommes. Et lorsque vous finissez par etre serein, quelqu’un se presente pour vous rappeler les dangers qui vous guettent au prochain tournant. Ainsi dans ce cafe d’Ayaguz ou l’on m’explique le 24 juin qu’en direction de Karaganda, il n’y a rien, si ce n’est 700 km de steppe peuplee de loups. Quel credit accorder a ces allegations? Si meute il y a, je ne suis arme que d’un couteau et d’une bombe lacrimogene.
Dans de telles circonstances, je ne dedaigne jamais les mises en garde, mais je m’efforce de les jauger a l’aune de la psychologie humaine. Or j’ai eu maintes occasions de constater que l’homme considere generalement comme dangereux ce qui est a l’exterieur de son jardin. Neanmoins, je reflechis serieusement dans la soiree a l’eventualite d’une attaque. Le lendemain vers 13h30, apres avoir parcouru 57 km, je m’arrete chez Dana. Un joli petit chaperon rose de 3 ans. Difficile de degoter une plus charmeuse fille du vent. Rose des pieds a la tete, sauf la bouille deja tannee par le soleil brulant de l’ete et l’absurde rigueur de l’hiver. Elle me tient la main et se prete comme une actrice holywoodienne a mes mises en scene photo. Quand je lui demande une pose ou une action, elle dodeline d’abord de la tete en souriant, l’air de faire non, puis s’execute dans la minute qui suit. Elle m’a clairement adopte, a moins qu’elle ne partage la spontaneite et la bienveillance de sa mere. Ainour, la lune en kazakhe, m’accueillit avec le sourire lorsque je debarquai sans sonner au milieu de sa cour. Comme si elle m’attendait depuis toujours, elle me servit un the immediatement et un repas dans les 30 minutes. J’ai passe l’apres midi et la nuit dans cette famille bien eloignee d’une meute affamee. En l’echange d’une chanson kazakhe, j’y ai laisse ma deuxieme boite a musique (ou plutot celle des enfants pour etre precis), « L’hymne a l’amour ». Nous avons chante, et aussi discute:
Au cours du repas, je lance:
– Connaissez-vous le President francais?
Ainour, du tac au tac:
– Jacques Chirac
Il est vrai qu’il n’y a ni radio ni television ici. Je lui reponds qu’il s’agit maintenant de Nicolas Sarkozy. Elle acquiesse de la tete. Ils me demandent son age. Et croyant qu’il s’agit de la duree de son mandat, je reponds:
– 5 ans
Eclat de rire general! J’ai encore quelques progres a faire en russe…
Kenjivik, le mari d’Ainour, est arrive avec la nuit dans sa « machina », une vieille auto brejnevienne dont les lignes taillees a la serpe evoquent les premiers dessins d’enfants. Dana s’endort sur ses genoux alors qu’on sort la vodka. La bouteille n’est qu’a moitie pleine, ce sera donc regle en 3 toasts:
– Au Kazakhstan
– A la langue francaise
– A Nazerbaiev
Dans de petits verres remplis a ras bord, cul sec. La nuit, je fais du « coach surfing » du nom de cette mode anglosaxonne qui consiste a voyager en dormant sur le sofa d’un hote degote sur un site internet specialise. Mais je doute que Ainour et Kenjivik soient inscrits.
Une premiere rencontre magnifique qui en appelera bien d’autres…
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