Un temps ou l’espace s’etire sous les pures lumieres d’altitude. Un espace ou l’on voudrait prendre son temps et s’allonger parmi les troupeaux avec leurs bergers tibetains. Lorsque le vent se leve ils prennent l’allure de pantins avec leur manteau aux manches trop longues noues a la taille grace a une echarpe aux tons vifs. Mais ceci leur evite la gymnastique des gants. J’ai passe un apres-midi et une nuit aupres d’eux, dans une tente amenagee en bordure d’enclos. Chauffage bouse de Yak, musique telephone portable, electricite solaire. Peu de mots, beaucoup de regards.
En pedalant sur le plateau en plein hiver je ne passe pas inapercu pour tout le monde: d’abord des tibetains qui veulent absolument m’embarquer dans leur minibus pour soulager mes efforts. Des tibetains encore mais motards cette fois-ci. Ils peuvent rouler 10 minutes a ma hauteur en me devisageant de la tete aux pieds sans prononcer un mot. Il n’est pas inutile de se retrouver au moins une fois dans sa vie dans la position du panda au zoo! La 3eme categorie ce sont des touristes chinois fortunes bardes de materiel photo dernier cri. Ils stoppent leur 4×4 devant moi et me demandent en anglais ce que je fais la. Suite a mes explications ils s’exclament « amazing » ou alors » You’re a hero » puis appuient sur le declencheur en mode rafale quitte a deplacer sans menagement mon velo pour avoir le bon angle.
Juste avant le col de Naren Ka une famille m’invite pour la nuit. J’offre une petite boite a musique » sur le pont d’Avignon » a Jen Tchian Tchi, 10ans, en bas a gauche sur la photo. Seance d’anthologie ou une petite tibetaine chante » on y danse, on y danse… » puis nous fait une demonstration sur le sol en terre battue de la piece surchauffee sous un eclat de rire general.
Je suis maintenant arrive au monastere de Labrang pour conclure en beaute, hasard du calendrier, cette incursion en altitude bouddhiste. Apres demain le 26 je feterai mon 3eme jour de l’an de l’annee, tibetain cette fois! Et comme un bonheur de voyageur n’arrive jamais seul, je decapsulerai la biere des 3000km!
Merci pour « l’espace d’un temps » passé sur les hauts plateaux tibétains en compagnie des bergers. J’avais l’impression d’y être aussi.
J’ai rencontré, l’espace d’un temps, sur mon itinéraire de nomade des ondes un gitan qui disait ceci : » Quand on part, en fait on ne part pas, ce qui part c’est le sentiment intérieur qu’on a en soi, c’est son âme ; le vrai nomade c’est celui qui cherche quelque chose qui est en lui.
J’ai bien envie de te dire : « Allez, va donc, où le vent te pousse », mais je trouve qu’il y va un peu fort, le vent sur le toit du monde !
JB qui lit sur mon épaule dit que quand on pédale, on sait bien qu’on part.
la barbe te va très bien
Allez courage 8 J’aime tjs tes photos et les belles histoires.
A plus