Nous sommes arrivés à la frontière népalaise ce lundi 30 octobre après une dernière traversée montagneuse périlleuse. Partant de Munsyari pour rejoindre Darchula , notre destination finale, nous n’imaginions pas trouver la neige alors que le beau temps ne nous avait pas quitté depuis Gangotri . Deux journées difficiles physiquement pour moi dans les descentes aux pentes raides, chaotiques et glissantes. Une épreuve psychologique aussi, car nous ne savions pas si nous pourrions alors trouver notre chemin recouvert de ce sucre glace. Peut-être faudrait il retourner sur nos pas si difficilement gagnés pour arriver à notre bivouac si la neige s’accumulait. Rejoindre notre point de départ nous demanderait deux jours d’effort éprouvant vue ma technique pour descendre sur ce terrain.
–vue du Bhalsi pass (3900m) peu avant la nuit–
Heureusement il a cessé de neiger, nous sommes arrivés dans la vallée de Darma fatigués, éprouvés sans dommage, mais heureux, satisfaits d’être tirés d’affaire. Le lendemain à la frontière népalaise, mes sentiments sont partagés entre une envie incroyable de serrer fort mes enfants dans mes bras, de raconter cette belle traversée de l’Uttarrakhand à mes amis, à ma famille, mais aussi de pouvoir continuer jusqu’à Katmandou. L’ascenseur émotionnel n’aura jamais cessé de fonctionner durant ces 3 semaines et demi. Arrivée début octobre à la rencontre de Francois, je m’étais bien gardée d’imaginer quoi que ce soit. Je désirais conserver une part de » virginité cérébrale » afin de laisser un maximum de place à la découverte. En effet , des moments forts il y en a eu ! De magnifiques rencontres comme celle de Mohoni à Kilbara ou celle de Tilok (notre unique guide pour accéder au col de Daharti), ont su redonner du baume à nos cœurs un peu éprouvés.
–Tilok nous accompagne pendant une matinée du village de Bauna jusqu’au Daharti pass (3450m)–
Des journées intenses physiquement où au détour d’un virage nous pouvions trouver dans une boutique de 3 m2 du tchaï, des gâteaux secs et parfois des chapatis. Notre carburant! J’ai adoré ces journées remplies d’inconnu, rythmées ainsi, parce que j’aime l’effort endurant. Mais le manque d’informations claires et précises pour trouver certains chemins ont pompé l’énergie psychologique de François. L’incertitude fatigue. Nature grandiose où la raideur des pentes fait pâlir tout marcheur- coureur. Ici, la ruralité nous fait apprécier le silence du ciel où l’avion n’existe plus. Le silence aussi dans les villages où le quotidien se vit sans moteur dans les champs. Quelle sérénité! Je voudrais garder en mémoire cette Inde du nord où les couleurs n’ont cessé de caresser mon regard où les sourires, l’accueil et la curiosité de ces habitants m’ont rempli le coeur de joie, où la religion semble joyeuse. Merci à François de m’avoir proposé et poussé à participer à son projet fou. Connaissant mes faiblesses physiques (genoux opérés plusieurs fois) je ne pouvais imaginer y participer. Je ne pensais pas y trouver autant d’exaltation. J’ai adoré être coupée du monde, sans connection possible. Un bon moyen pour ne penser qu’à l’essentiel et accueillir pleinement le moment présent. Aujourd’hui je connais encore un peu plus mes forces et mes faiblesses. Je reviens vers vous grandie après 550 kilomètres sous les pieds et 30 000 mètres de dénivelés !
Dans l’instant présent, tout est parfait!
Marianne, tu m’as bien rire en te lamentant sur ton petit physique. Je commence à m’entraîner pour quelques jours de ski de rando avec vous, dans l’espoir (infime) de ne pas être un gros boulet.
Merci pour les magnifiques visages de Tilok et Mohoni. Bon retour Marianne, bonne continuation à toi François, de tout cœur.
Bravo Marianne pour ce parcours semé d’embûches mais au combien exaltant, pour ce challenge hors normes réussi à force de courage et d’envie de te surpasser au côté de François l’extraterrestre que je salue bien cordialement et dont la performance me bluffe.
Bonne fin de séjour à vous deux et revenez nous en bonne santé et fin prêts pour de nouvelles aventures.