Le soleil se leve sur un grand ciel bleu, d’une purete absolue. Pas une brise. Un silence magnifique, que l’on ecoute profondement en s’efforcant de ne pas bouger un orteil. Un silence dont on avait oublie l’existence. Puis vers 8 h, il faut evacuer la tente car la chaleur y est deja intenable.
Les premiers coups de pedales se font dans la legerete de cette nouvelle aube prometteuse. L’orage de la veille a rendu la paix a la steppe dont on devine les lointains comme si le regard portait sur l’infini. On apprend d’ailleurs a s’en mefier car l’aoul qu’on apercoit nettement, que l’on pourrait presque toucher est encore a 20km.
Dans la matinee apparaissent les premiers cumulus humilis. De tout petits bourgeons blancs qui semblent regarder la terre avec respect, sans trop vouloir la recouvrir. Puis, immuablement, se developpent ces grandes allees de nuages si cheres aux velivoles et qu’on dirait regentees par je ne sais quel Khan haut perche.
La couleur du ciel change. Vers midi un peintre a mis du gris dans le bleu de l’horizon et les gentils choux fleurs que l’on croyait inoffensifs s’agregent en preparation du grand spectacle a venir.
A 14h30, premier coup de tonnerre. Le theatre est en place pour une nouvelle demonstration de la petitesse des hommes face aux lois de la physique. Au balcon ou a l’orchestre, tous les points de vue se valent puisque la scene se deroule aux quatre coins de ciel. Le plafond s’est fait dense, il ne laisse plus percer le soleil que par de rares fenetres imaginees pour mieux contraster ce tableau reve.
Puis le deluge s’abat sur le petit cycliste. Les herbes folles, vertes et jaunes, se mettent a danser sous les rafales. L’homme ploie sous les hallebardes dans l’espoir que la tempete ne sera pas tropicale. Et en effet, 20 minutes apres les premieres gouttes, le soleil seche deja la piste detrempee.
Comme pour manifester la magie cyclique de l’energie, des saisons, de la vie, la journee s’acheve comme elle avait commence, dans le calme de cet Olympe asiatique.
Cette nuit, les etoiles eclaireront mes reves. L’une d’entre elles, en se desagregeant dans l’atmosphere m’offrira peut-etre l’occasion de formuler un voeu d’eternite pour ces journees inoubliables.
hello francois,
it was a pleasure to meet you and to talk with you in karaganda,
wish you luck on your journey.
regards,
ulf
-Changement de décor, changement d’attitude!
Les kazakhs sont manifestement plus accueillants que les Hans. As-tu croise les hordes sauvages ?
-Yellow et moi avons passe un moment avec Eric Boudot la semaine dernière et ce mardi. ça te rappelle probablement des soiréees chez les Miao?
-Je me regale avec le livre de photos que tu m’as apporte. merci encore.
-prevois-tu une petite pointe vers le Kirgizistan voisin? Il parait qu’il y a de l’ambiance en ce moment.
-Hier dans le metro j’ai croise un barbu allonge sur un banc et qui puait. Il m’a fait penser a toi.
-Bon, allez, tu dois continuer a appuyer sur les pedales plutot que de perdre ton temps a lire mes balivernes.
-Bisou
Comme ces descriptions sont intéressantes et rafraîchissantes (la pluie d’orage plus encore que la vodka)! J’ai vraiment adoré le texte très évocateur de « la météo des steppes » avec dédicace personnalisée: c’est à la fois du très beau style et une exacte perception des évènements météo. C’est une belle expérience du climat continental d’été avec ses ascendances thermiques diurnes et ses orages d’après-midi. Mais l’histoire ne nous dit pas si le retour du soleil sèche le slip du cyclopilote en même temps que la piste détrempée.
Quel beau texte ! en pédalant tu dois avoir le temps d’essayer des mots, de former les phrases. cette description évocatrice a un gout d’infini.