Pour reussir son decollage mieux vaut ne pas la rater. Pour devenir bouddhiste egalement. Les tibetains tournent. Sur le kora, chemin de pelerinage qui cerne le monastere; autour des chortens ou des chapelles qui le jalonnent. Ils font tourner les moulins a priere, ils egrainent leur chapelet en boucle et marmonnent des katons sur un ton monocorde dans le meme elan cyclique. Le sens des aiguilles d’une montre, voila la seule direction connue. A donner le tournis. D’ailleurs les autorites chinoises ne les considerent-ils pas comme des empecheurs de tourner en rond!
Mais a Labrang la ferveur cotoie le ridicule. Et dans les deux cas on atteind des sommets. Je pensais avoir tout vu a Jiuzhaigou mais finalement se photographier en faux tibetain devant un decor de reve est plutot bon enfant. Mitrailler des vrais tibetains au teleobjectif a un metre de distance en les interpelant entre deux moulins
a prieres est plus problematique… Peut-etre vaut-il mieux en rire. Quant aux fideles le chiffre parfait pour Labrang est 10000 tours de monastere. En sachant qu’un tour fait 3 km, certains vivent ici pendant 2 mois en marchant du matin au soir pour s’en 
rapprocher, quand ils ne rampent pas. Dans le sens des aiguilles d’une montre.
Le tout puissant des tibetains aimerait-il lui aussi la souffrance? Pour une philosophie dont le but est de l’eliminer, cela me laisse perplexe.
En tout cas les ondes positives de Labrang m’ont offert l’occasion d’une rencontre pour le mois improbable: un pilote B777 et un chef de cabine d’Air France avec qui j’ai deja vole! Le monde des navigants est decidement bien petit.
c’est formidable ce que tu fais ! Que la force soit avec toi !
Serge (un collègue PNC du MC)
Bonjour,
Moi aussi j’ai entendu parler de votre aventure sur France Inter. J’avais noté le nom du blog et aujourd’hui je viens de lire avec bonheur votre périple. Je suis admirative et de tout coeur avec vous. Vivent ces rencontres incroyables !
Bonne continuation ! Le monde est petit mais il est tellement rempli…
Sommes revenus des iles vierges vendredi. Je t’encourage à pédaler encore quelques km pour te rapprocher des Marquises : mer chaude, poissons tropicaux, palmiers et farniente. Tu auras toi aussi une place au soleil.
Tes photos sont vraiment très belles, ton courage est immense !!
Salut le nomade,
Tes commentaires sont toujours d’une grande acuité d’esprit et incisifs.
Me voila enfin rassurée après tes deux incursions dans les monastères de ZOIGE et de LABRANG : tu n’es pas atteint par le syndrome de tourner en rond dans le sens des aiguilles d’une montre. Tu n’es donc pas conquis par cette philosophie qui compte de nombreux adeptes chaque année !
Je suis abasourdie, sidérée à l’idée que pour être un Bon Fidèle pour le Monastère de LABRANG, il faille dans la mesure du possible parcourir 10 000 tours du monastère à raison de 3 km le tour, soit 30 000 km à pied ou en rampant. C’est plus de 2 fois ton trajet CANTON – PARIS à vélo. AHURISSANT ! DEMENTIEL et ABSURDE !
Tout ce cinéma dans quel but ? Celui d’acquérir la connaissance, la sagesse, l’amélioration du Karma ? Je crois surtout le droit de revenir autant de fois que les Tibétains l’imaginent nécessaire et de recommencer… la rotation… à l’infini…
Tu es perplexe, et il y a de quoi, mais le bouddhisme est très complexe, que nos esprits cartésiens ont de la peine à appréhender !
Pour ma part, je ne suis pas loin d’être persuadée que les lamas abusent de la crédulité des tibétains. En réalité, je ne peux m’empêcher de penser que toute idéologie quelle qu’elle soit, a ses excès, dérives, exactions qui frisent le ridicule, avec parfois des conséquences graves, une source de conflits d’intérêts, de domination… Les exemples en tout genre foisonnent depuis la nuit des temps. A chacun son idée sur la question !
Si je peux me permettre, à tous ceux qui veulent approfondir leurs connaissances sur le TIBET, je recommande la lecture » TIBET le moment de vérité » Ed. PLON 2008 par Frédéric LENOIR. C’est un philosophe et Ecrivain Directeur du magazine « Le Monde des Religions ». Il est l’auteur d’une trentaine d’essais traduits en plus de 20 langues. Il s’intéresse à la CHINE et au TIBET depuis 25 ans et a publié plusieurs ouvrages sur le bouddhisme et l’histoire du TIBET. Dans ce livre, il n’aborde pas que la religion bouddhique tibétaine, c’est un ouvrage construit sous la forme de 20 questions clés. Il répond sans à priori de manière très objective et argumentée. J’ai trouvé ce livre remarquable, très clair, passionnant, et les réponses aux questions que je me posais à propos du TIBET. Je le relis – d’ailleurs en ce moment, pour fait d’actualité !
Je cite des extraits sur l’origine et la place centrale du bouddhisme tibétain dans la vie des Tibétains.
— » Le Tibétain est assez mystique, rêveur, imaginatif. Le Chinois est plus pragmatique et davantage relié à la matérialité des choses. — C’est un peuple profondément religieux donc, les Tibétains vont jusqu’à inscrire la religion au cœur de leur système politique. — C’est une des principales clés de la compréhension de la mentalité et de la culture tibétaines, et un point de grave tension avec la CHINE communiste et athée. — La religion la plus ancienne du TIBET est une juxtaposition de croyances liées aux éléments et à la nature, un chamanisme commun aux peuples premiers. Les habitants ont surtout divinisé les montagnes. Par certains présents et rituels, ils tentent de s’attirer les faveurs des dieux qui demeurent dans telle ou telle vallée, tel ou tel précipice, cours d’eau ou rocher, et d’éloigner leur colère. Cette religiosité populaire existe encore de nos jours.– Cette religion populaire sans nom particulier, qui allie aussi divination, sorcellerie et magie, a progressivement cohabité avec une religion plus organisée avec ses temples et son clergé : le Bön.– Le sacrifice d’animaux était pratiqué ainsi que le culte des divinités-montagnes.
— La mystique tibétaine est une quête de l’au-delà, et le caractère religieux doit sans doute beaucoup à leur environnement. — Un tel cadre naturel est propice au rêve, à la poésie, à la mystique. De fait ils sont friands de légendes et de mythes. Aucun miracle ne les étonne et ils prêtent des pouvoirs surnaturels à n’importe quel maître spirituel. C’est pourquoi la religion populaire et son lot de croyances et de pratiques magiques et superstitieuses n’ont jamais disparu. De même la forme particulière qu’a prise le bouddhisme au TIBET est-elle marquée au sceau du merveilleux, de la prophétie et de rituels censés développer des pouvoirs extraordinaires.– A cette forme de crédulité liée à un imaginaire puissant, s’associe un caractère mystique porté sur l’au-delà. Déjà les rituels de la religion Bön ancienne insistaient sur le parcours de l’esprit après la mort vers les régions bienheureuses de l’au-delà. Les pratiques bouddhistes qui lui ont succédé ont repris à leur compte cette préoccupation essentielle des Tibétains : assurer la libération de l’esprit après la mort, ou à défaut s’assurer d’une bonne renaissance dans la vie future. — L’amélioration du Karma est un souci constant des Tibétains qui multiplient les pèlerinages, les offrandes et les prières à cet effet. – Bien vivre, c’est en quelque sorte apprendre à mourir. – » Frédéric LENOIR.
Le temple de LABRANG devait être » plein à craquer » pour ces 2 cérémonies célébrant le Nouvel An. J’imagine la cérémonie du Grand Tanka emprunte de majesté et de ferveur, et celle de la danse masquée pour exorciser le mal avec beaucoup de ferveur aussi, mais probablement troublante.
Les rencontres que tu as faites au cours de la longue traversée du plateau tibétain côté AMDO, avec les bergers nomades-éleveurs ont été certainement plus enrichissantes humainement que tes séjours aux monastères, malgré la rencontre surprise !
Tu t’es retrouvée au Pays des Neiges après de nombreuses péripéties, excursions diverses et animées…, dans un environnement grandiose a une altitude moyenne de 3 700 – 4000, qui offre des paysages variés : déserts, gorges abruptes, plaines fertiles, vallées verdoyantes, immenses forêts. L’altitude exceptionnelle lui confère une lumière particulière, d’une grande pureté, aveuglante, les cimes enneigées qui semblent tutoyer les cieux, ses immensités sans habitat, le climat extrême (soleil brûlant –froid vif), ce cadre exceptionnel incite aux rêves les plus fous, donne une Aura mystique aux yeux de ses propres habitants, mais aussi à ceux du voyageur.
C’était aussi et surtout la rencontre avec les bergers, eux aussi nomades en permanence en compagnie de leurs troupeaux. Ici, l’Homme, les Animaux et la Nature ne font qu’un, ils sont indissociables.
Oui, on ferait tout ce qui est en notre pouvoir pour que » que le temps suspende son vol » afin de prolonger ces moments de plénitude, d’extase, de communion avec l’Autre même si elle ne passe que par le Regard, j’appelle cela des » Instants de Grâce. »
Malgré les difficultés de la langue qui hélas limitent le dialogue, le REGARD parle tout autant sinon plus que la PAROLE. Dans le REGARD, tu lis des choses fortes, profondes, émouvantes que parfois la pudeur des mots empêche.
Ta soirée et la nuit passées dans une famille tibétaine au col de Naren Ka ont dû être riches d’émotions. » Sur le Pont d’Avignon, on y danse, on y danse, tout en rond… » Encore une histoire à » tourner en rond ! »
Comment peux-tu croire qu’un visage pâle, barbu de surcroît, pédalant au cœur de l’hiver passe inaperçu ? Les Tibétains qui voulaient t’embarquer dans leur minibus pour soulager tes efforts, voulaient-ils plutôt soulager leur Karma ou le tien ?
La scène avec les motards devait être cocasse : j’imagine le tableau ! Ils t’ont pris pour un surhomme ou un extraterrestre et imaginaient peut-être que tu étais doté de pouvoirs surnaturels !
Quant aux riches chinois roulant dans leur superbe 4 X 4, super équipés, genre Bling-Bling, question d’habitude en France, malgré tes explications, ils ont pensé que tu étais « déjanté ! », sans jeu de mot prémonitoire !
J’espère que sur le haut plateau tu as fait des réserves d’air pur pour affronter d’ici peu la monstrueuse pollution de LANZHOU. Les sacoches bien arrimées grâce à l’intervention de Bob le Bricoleur, tu es déjà parti et arrivé à LINXIA, berceau des musulmans chinois : les Huis. Tu vas à la rencontre d’autres âmes exaltées, L’Islam des Huis. Il semblerait qu’ils le soient moins que les Ouïgours. A voir. Tu es invité à dîner par les Hans, ils représentent quant même 93 % de la population !!!…
BRAVO pour les 3000 km parcourus, certains dans la souffrance. A TA SANTE !
BISES TEMPETUEUSES. Cette nuit a été fort agité, nous avons » essuyé un sacré coup de tabac », qui aurait malheureusement fait une cinquantaine de morts en VENDEE et CHARENTES-MARITIMES.