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Non, ce n’est pas l’annee de mon retour en France mais simplement les kilometres parcourus pour parvenir jusqu’a ce petit bled ou j’ai pris ces photos a la tombee de la nuit le 8 fevrier. C’etait la veille de mon arrivee a Chengdu.

Que retenir de ce premier mois? D’abord qu’il faut bien ca pour etre dedans. Etre la et pas ailleurs, accorder son propre rythme au calendrier local. Un voyage au long cours est une nouveaute pour moi et je le prends comme une lecon de vie permanente. Je suis frappe par la gentillesse des chinois. A peu pres partout des gens serviables, pret a aider. Ceux qui sont prevenus de mon aventure comme les controleurs aeriens que je rencontre dans chaque grande ville, grace a Janet, se decarcassent carrement pour me faire plaisir. Aiment-ils particulierement les etrangers, les francais? Ou sont-ils si sensibles a ce projet? Ou bien un respect et une volonte de servir l’aine, le commandant de bord, herites de Confucius? Un peu de tout ca a mon avis.

Avant hier un micro evenement m’a fait immensement plaisir: j’ai vu deux tibetains dans la rue. la tunique bordeaux, de larges faces tannees et des amandes un peu mogoloides, ils sont nombreux a Chengdu. D’apres Song Yuan, le jeune controleur qui m’a emmene hier a l’opera, leur gouvernement est meme ici. J’ai ete content de les voir car ils m’ouvrent une nouvelle porte: adieu le climat subtropical humide et les riziculteurs, bienvenue la montagne et sa rudesse seche et froide, bonjour les pasteurs nomades des plateaux.

La realite sera certainement moins bucolique! Je verrai bien si je prefere la neige a la boue et le grand froid sec au petit froid humide. Demain je reprends la route, celle des hauteurs, qui me rapproche aussi de ma famille. Car pedaler seul lorsqu’on est pas seul dans la vie, meme si je l’ai choisi, est un chemin d’epreuve autant que de liberte.