Un derailleur m’a fait un signe: Il m’a dit, mon p’tit gars si tu continues comme ca t’iras pas bien loin. Fatigue par la boue et les routes defoncees il voulait que ca glisse, pas que ca cogne. Il n’a recolte que l’inexperience de son « maitre » qui comptait bien lui en mettre plein les ressorts. La casse seche me servira d’avertissement personnel. Mais une question s’impose alors: faut-il retourner sur les lieux en bus et refaire les 110 km jusqu’a Kaili a velo? De prime abord je dirais oui. J’ai finalement decide que non: Le derailleur a casse, l’homme pas encore mais il lui reste bien des epreuves et l’occasion de payer son tribut aux cols et chemins eventres. Ce voyage n’est pas oblige d’etre une galere permanente et ma priorite reste le temps de la rencontre. Pourrir le velo repare dans une descente ignoble ne m’enchante pas. Depuis le depart, mes erreurs d’evaluation du kilometrage a parcourir me preoccupent et je crains qu’il ne me faille bien ramer jusqu’a Chengdu (deja 30% d’ecart par rapport a mes previsions). Autant de justifications a mes yeux pour tordre le cou a la purete. A tort ou a raison. Debat ouvert, en toute franchise…
Devine ce que j’en pense cher François ! Au premier problème de dérailleur tu te crées un précédent… qu’est-ce que ce sera quand tu seras malade, quand on te volera ton vélo, quand la jante explosera sur une pierre… Tu feras pareil, et ton parcours sera mité. On ne compose pas avec les principe. Et si ton principe est de refaire le vol AF 105 au sol, ce n’est pas en recréant des trous d’air… que tu y seras fidèle. Si tu en as les moyens, je t’en conjure retourne combler ce trou. Il y va de la suite de ton voyage. Merci en tous cas de la transparence. Et ne succombes pas à la pression du temps. Ton planning n’existe que dans ta tête et sur le papier, alors que tu as voulu t’engager dans le réel. Et la casse fait partie du réel, les retards aussi. En avion tu as un ETA. Pas à vélo. Tu equi-répartiras ce retard au fil des jours quand les conditions seront meilleures, et tu regagneras sans problème ce retard. Toute souffrance et toute entorse te paraitra absurde car tu auras toujours les moyens de les abréger. Alors que ta souffrance et les aléas sont justement le sens de ton entreprise qui s’inscrit en faux par rapport au confort et à la précision d’un vol de A à Z. Tu viens de sauter une lettre de l’alphabet. Le D comme dérailleur. La route est encore longue…Allez mon ami ! En selle ! Et va me combler ce trou : va rechercher ce D laissé là-bas. C’est l’affaire d’un jour ou deux! Tu te sentiras tellement soulagé après ! Bon courage.
Mon Gigi.
Comment t’aider ??
Effectivement qu’est ce 100 km sur 12000 ?? peu de choses ,ce sera vite passé.
Le tout est de se poser la question « pourquoi suis je là ? ».
Si c’est le défi technique ou le symbole évidemment il manquerait une étape , on peut aussi considérer que c’est une escale technique facultative, cela nous arrive aussi dans nos aéroplanes blindés.
Si c’est la rencontre de l’autre ,la photo, le partage alors au diable ces maudits 100km et YALAAAH.
Ne prends pas de décision hâtive tu as deux jours de repos.
Et surtout n’oublie pas qu’être un homme c’est savoir vivre ses rêves sans en être l’esclave.
Bon repos
Je suis très partagée par rapport à ton retour ou non en arrière.Je pense que cette entorse ne dévalorise en rien ce voyage que tu décides de créer en étant au plus près du sol et de la ligne aérienne.L’éthique que tu t’es créée dépend de ton besoin et de ce que représente ce voyage pour toi,pense à toi,qu’à toi.Tu n’as rien à prouver à personne seulement à toi même.C’est certain qu’il y aura un tout petit trou d’air et alors?Que représentera alors cette imperfection?Ce qui compte c’est que tu avances sur les traces de cet avion,que tu vives les rencontres dont tu rêves depuis lontgemps.Maintenant il est important que tu ne te stresses pas pas rapport au temps que tu as malgré tout ,devant toi,mais je voulais dire à tout le monde que ce temps n’est pas indéfini pour toi. Je comprend bien que tu aies la pression.Je pense aussi que quand tu as pris une décision,ne demande pas à chacun de pouvoir s’exprimer sinon cela va te rendre le voyage délicat ,tu risques de faire des choix qui ne t’appartiennent pas et vouloir trop dépendre du regard des autres.Ce que tu réalises de toi même sera toujours beau.
Sinon ,quand on se sent pressé par le temps il faut ralentir,relativiser.Tu sais bien que quand le petit cabri que je suis part pour faire une petite virée en montagne ;il sait que bien des gens espèrent qu’il fasse un temps qui leur conviennent (et lui aussi pour lui même bien sur),mais lui ,il se dit que ce qui compte c’est de terminer dans le temps qui lui correspond.ça lui a toujours permis de finir ,d’aboutir et d’avoir du plaisir.
Gigi,ce qui est important c’est que tu sois bien dans ta décision, surtout qu’elle t’appartienne.Je te connais pugnace,tenace,élitiste,mais aussi très créatif!
La nuit porte conseil mon gars,alors bonne nuit.
Cabriolait.
Salut Franchès ! Et oui, les galères tu en verras encore bien d’autres. Soit fidèle à toi même, cela soulagera ta conscience. je t’embrasse petit frère et pense bien à toi !
Hello, François,
Saloperie de vélo !!! Première escale technique. Pas de panique à bord. Application des consignes et procédures de sécurité qui s’imposent. Hélas, le dérailleur et la chaîne n’ont pas supporté les premiers 1000 km, qui n’étaient pourtant qu’un » tour de chauffe « . Mais au Pays du Matin calme, pas de problème que des solutions à plus ou moins long terme. C’est quant même vexant, rageant, mais cette casse sèche est en voie de résolution.
Par malchance mais on peut dire aussi par chance (c’est comme tu le sens !) tu es resté » en rade » non loin de l’arrêt prévu chez ton ami Eric BOUDOT et sa femme. Profite pleinement de ce temps pour te reposer, te remettre de tes émotions, à dominer ton impatience et à refaire le plein d’énergie pour » avaler » les prochains 1100 km, mais attention n’explose pas la monture, sinon tu vas terminer » à pattes « . Ne perds pas les pédales !…, garde la zen attitude ça permet de conserver les idées claires.
Ce mardi après-midi je parlais avec Pierre de tes soucis mécaniques. Ma question est de savoir d’où tu vas repartir après la réparation ? Il s’avère que tu te poses la même question. Pour moi c’est sans équivoque, tu dois impérativement repartir de l’endroit où tu » as cassé « . C’est la règle du Jeu, même si tu n’as pas établi une » charte du cyclopilote ». Si tu repars de KAILI, ton voyage sera tronqué et tu risques d’avoir des remords. Tu vas penser ou peut-être me répondre que c’est facile pour quelqu’un qui a le C.. sur une chaise. Le facteur temps est bien sûr un élément qui de prime abord te semble primordial, je le conçois tout-à-fait, j’en imagine les raisons. Cependant au cours d’une expédition de 12000 km d’une durée de 8 mois environ, il est très difficile de pouvoir tout planifier et tout concilier en raison des aléas physiques, mécaniques, météorologiques, etc… car ces événements sont difficilement prévisibles et quantifiables. Voila mon avis en termes un peu durs. Et ce soir en rentrant juste avant de t’adresser ce mail, j’ai pris connaissance des derniers messages arrivés dont celui d’Alexandre POUSSIN (dont je connais les exploits en vélo autour du monde avec son copain et à pieds avec sa femme » AFRICA TRECK » par ses bouquins et films) te dit la même chose. Il sait de quoi il parle, car il maitrise fort bien le sujet.
GARDE LE MORAL, TU AS ENCORE D’ENORMES RESERVES DE RESSOURCES ET C’EST A TOI SEUL QU’APPARTIENT LA DECISION. BISES
Se saisir d’un problème technique pour affiner sa propre pensée et susciter par ailleurs le débat, c’est porter un regard positif sur l’évènement. Je voudrais en m’exprimant,me placer sur un plan général. Je dirai donc pour ma part, que les principes sont des règles qu’on se donne, ils s’appuyent sur des jugements de valeur (c’est bien, c’est mal), ils constituent un modèle, parfois même un but en soi, ils ne sont pas tous universels (je mets à part les principes scientifiques). L’éthique est une quête de la solution la moins mauvaise possible ou la meilleure possible pour la personne . Quand on est amené à faire des choix, chaque personne unique fait oeuvre de discernement en fonction de critères qui lui sont personnels. Je pense qu’un être humain a la capacité d’agir par lui-même du fait de son propre jugement, c’est ce qui fait de lui un être libre. Il choisit ainsi les moyens qui sont bons pour lui pour arriver au but qu’il s’est fixé. Il est bon que chacun trace son propre chemin. C’est ce qui fait la richesse des rencontres dans le respect de chacun.
Je n’ai pas voulu intervenir « à chaud » et j’ai souhaité attendre ton ultime décision. Celle-ci ne me surprend pas et elle correspond à ma conviction profonde: être fidèle à l’objectif qu’on s’est fixé. Dur dur, mais rester en harmonie avec soi-même. Je suppose tout de même que tu vas prendre la route principale Rongjiang – Duyun – Guiyang. Tu vas tout réussir et on va te soutenir chaque jour. Refais-toi des forces en attendant.
Après les commentaires de Claire … je ne voie rien à ajouter ! Mais je persiste à penser que « la rencontre est primordiale ! Noëlle